dimanche

Coeurs, Alain Resnais

Hier soir, mon mari et moi-même, avons été consternés par le film Coeurs, d'Alain Resnais. Une bonne grosse daube, moche, idiote, vulgaire et pas drôle (c'est sensé être une comédie).

Moche

D'abord il neige tout le long du film, par la fenêtre et pendant les fondus entre différentes scènes, et au cas où t'aurait pas compris qu'il neige dehors pendant qu'ils sont dedans (aucune scène en extérieur), les personnages masculins ont tous du plâtre sur les épaules pour faire genre il neige. Mais moins sur les femmes, car leurs manteaux sont trop jolis pour être gâchés avec du plâtre. Ou alors il y a une symbolique intellectuelle qui m'échappe. En tout cas c'était moche.



Et il y a André Dussolier, agent immobilier nul comme dans On connaît la chanson, qui fait visiter des appartements nuls et inappropriés filmés du dessus, avec les cloisons en carton. Super moche.

Et Lambert Wilson en ancien bidasse macho, alcoolique et vulgaire, portant des pulls camionneurs et faisant des efforts considérables pour avoir l'air d'un prolo malgré sa diction raffinée, trop moche.

Et le bar de l'hôtel avec les néons fluos, n'importe quoi.

Idiot

Normalement, dans les fictions supportables, il y a un début, un déroulement avec des points de tension, des retournements de situation et des faits ou des discussions qui font évoluer soit les personnages soit l'histoire sinon les deux, eh bien là, ils végètent du début à la fin, ils n'ont rien appris, rien n'a changé, mais deux heures de notre vie ont passé pour rien. Heureusement qu'on a mangé au début et qu'on a débarrassé avant la fin, comme ça c'était pas complètement perdu.

Dans quel monde peut-on croire quinze secondes qu'André Dussolier puisse être le grand frère d'Isabelle Carré alors qu'il lui rend bien trente-cinq ans?

Qui joue aux petits chevaux le dimanche soir? Où a-t-on vu des grenouilles de bénitier se faire des colorations rouges et des permanentes façon doigts dans la prise? Pourquoi une italienne qui a un accent a couper au couteau parle en français à sa mère au téléphone? Pourquoi Sabine Azéma fait des films pornos amateurs qu'elle distribue à tout le monde? Pourquoi Pierre Arditi a recueilli son père qu'il n'a jamais connu? Pourquoi ne voit-on jamais Claude Rich? 

Vulgaire

On a droit à trois scènes pornos amateurs de Sabine Azéma. Déjà une, c'était gênant, mais trois, franchement...

Les tirades d'insanités de Claude Rich, c'était marrant, mais comme on ne le voit jamais, ça devenait un peu lourd.

Pas drôle

On voit bien qu'il y a quelques tentatives d'être un peu amusant comme avec les fausses émissions de télé, mais en fait, bah non.

L'affiche est trompeuse, elle n'a rien à voir avec le film: les acteurs y sont souriants, dans le film ils tirent tous la tronche; et en plus ils ne sont pas du tout habillés pareil et n'ont pas les mêmes coupes de cheveux, c'est n'importe quoi! Je suppose que ça a un lien avec le fait que le film soit du théâtre filmé (ce qui est souvent raté), et qu'ici ce sont les acteurs avant ou après la représentation, mais d'après moi ça ne fonctionne pas.


***

Coeurs, Alain Resnais (2006). 

Un film trop nul. C'est dommage, ça risque d'être le dernier.

jeudi

Challenge Woody Allen#6 Intérieurs

Avec Mario Poppins*, mon époux noces de cuir, nous avons décidé deregarder une dernière fois revoir notre collection de Woody Allenavant d'enfermer nos DVD pour un nombre d'années indéterminé. Notes ex abrupto.




Interiors ****
(Intérieurs)

(1978) avec Geraldine Page, Diane Keaton

Un vieil homme décide de profiter du temps qui lui reste et de quitter son épouse très fragile, passionnée de décoration intérieure mais depuis toujours hostile à la vraie vie. Leurs trois filles, Renata, Flynn et Joey assistent impuissantes au délitement du couple parental, à la renaissance du père, à la mort de la mère.




Un très beau drame, dans une ambiance vraiment nostalgique, avec de longs silences, et bourré de dépression, de rancoeur, d'infinie tristesse et de mort. 

samedi

Sévère, Régis Jauffret

Récit de l'affaire Stern, mais à la première personne du singulier (donc comme la narratrice est une femme et l'auteur un homme, c'est un roman, légalement parlant).

Se déroulent les souvenirs a posteriori d'une femme un peu paumée qui, après avoir tué son amant, s'envola pour un tour du monde de quelques jours avant de revenir se faire enfermer par la police helvétique.

Elle entretient pendant des années une liaison compliquée et vaguement immorale avec un type plein aux as et très méchant (la preuve, il tuait des animaux). Après quatre ans de hauts et de (coups) bas, elle lui réclame un million de dollars.
Il les lui donne, puis les lui reprend.
Mauvaise idée. Il aurait mieux fait de continuer à la fouetter dans des hôtels de passe à Barbès, ça la révoltait moins. Elle se fâche, et comme tout le monde s'en souvient, c'est en combinaison latex intégrale et rose que le méchant (qui a peur des loups) se prend une balle dans la tête.

Sévèrement cinglée et sévèrement éliminé, Cécile Brossard et Edouard Stern sont bien traités par Régis Jauffret, qui respecte gentiment, dans la mesure du possible, ses deux sujets et leur histoire.

Une chose est sûre: ce court roman plaira aux inconditionnels des faits divers (du genre de ceux qui veillent pour regarder des rediffusions nocturnes de "Faites entrer l'accusé", malgré Hondelatte en cuir) (j'en connais un, super beau en plus).



***

Sévère, Régis Jauffret (2010). 

Un bouquin de Jauffret hallucinant d'inventivité et sombre à mourir? Microfictions! De quoi en remontrer à tous les tenants de l'autofiction!

jeudi

L'enfant volé, Ian McEwan

Londres, une année des JO au début des années 80.



Stephen a perdu sa fille de trois ans au supermarché. Il tente de survivre à ça.



Un sujet facilement larmoyant (on imagine bien ce qu'en aurait fait Emmanuel Carrère!), mais un roman beaucoup plus ambitieux que ça, sur le temps, ce qu'on en fait, comment un enfant est désiré, naît, grandit et s'envole, parfois n'importe quand, ou n'importe comment...

Stephen, sa femme, ses parents, ses amis, un camionneur accidenté, affrontent un passé, des drames, des éternels remords, et tentent d'aller de l'avant, ou en arrière, ou en suspens, chacun à sa façon.

Il s'agit tout de même d'un roman anglais, donc il y a aussi la rédaction en comité Théodule d'un manuel de pédagogie appliquée, les hypocrisies de la politique, des histoires de train et des pots de thé au jasmin... Ah c'était bien! (pas top, mais bien)

***

L'enfant volé, Ian McEwan (1987). (en VO: The Child in Time)

Un roman parfait de Ian McEwan à l'intrigue passionnante assorti d'un film pas trop mal: Expiation (2001) (en VO: Atonement), devenu Reviens-moi pour le titre français du film qui reste Atonement en VO. Vous suivez? 


Challenge Woody Allen#5 Nuit de Chine

Avec Mario Poppins*, mon époux noces de cuir, nous avons décidé deregarder une dernière fois revoir notre collection de Woody Allenavant d'enfermer nos DVD pour un nombre d'années indéterminé. Notes ex abrupto.




Don't drink the water *****
(Nuit de chine)

(1994) téléfilm avec Woody Allen, Michael J. Fox


Un petit pays derrière le rideau de fer, 1961. 


Axel Magee (Michael J. Fox) est le fils d'un ambassadeur américain en terre communiste; il profite d'un voyage de ce dernier pour le remplacer et faire ses preuves. Il ne s'avère pas très doué dans sa tâche et c'est malheureusement ce moment qu'a choisi Walter Hollander (Woody Allen, survolté), un touriste américain de Newark, New Jersey, pour prendre à l'insu de son plein gré des photos compromettantes entraînant un effroyable quiproquo diplomatique entre les deux blocs. 






Réfugié avec sa femme et sa séduisante fille dans l'enceinte de l'ambassade, commence un séjour haletant, entre espionnite aigüe, marivaudage romantique et hystérie collective. 


Tout un ballet de personnages à mourir de rire (Axel, Walter, la fille et la femme de Walter, le personnel de l'ambassade -surtout celui qui se prend pour les frères Wright-, l'émir, le prêtre magicien, les policiers soviétiques...), des dialogues ciselés et un sens du burlesque décapant font de ce (télé)film tiré d'une pièce de théâtre écrite par mon héros en 1966, un pur chef d'oeuvre comique.





dimanche

Le facteur humain, Graham Greene

Londres, fin des années 70. 


Dans les locaux secrets de la Boîte (le MI-6 ou 5? ou 7? je ne sais plus mais bon, en gros, chez les espions de l'étranger), Castle et Davis s'ennuient un peu entre deux rapports de leurs correspondants en Afrique.

Maurice Castle a 62 ans, il est las de ce boulot et préfèrerait profiter d'une vie moins secrète auprès de sa femme Sarah, une jeune noire rencontrée en Afrique du Sud lors d'une mission sept ans auparavant, et de leur fils Sam.

Arthur Davis est encore jeune, pressé d'en découdre sur le sol africain, et en attendant d'avoir une vie plus trépidante, il joue aux courses, roule en Jaguar, boit beaucoup et drague Cynthia, sa secrétaire.

Ces deux personnages vont être les principaux objets d'une enquête interne autour d'une fuite supposée, dirigée par le Docteur Percival, un gros connard froid comme un poisson, Daintry, un type honnête et droit, et John Hargreaves alias "C", le patron de la Boîte. 



Le tout sur fond d'idéologies radicales dans un monde encore si proche où les divergences politiques creusaient des tranchées (et des tombes): guerre froide, Apartheid, colonisation, communisme, patriotisme, tout y passe.
Comme toujours chez Graham Greene, l'honnêteté, envers soi ou les autres, la droiture, le bon fond, ne sont pas des choses simples et carrées. 
Les âmes sont souvent torturées; si elles ne le sont pas encore, c'est sans doute pour bientôt. C'est le facteur humain.

***

Le facteur humain, Graham Greene (1978). (en VO: The Human Factor)

Un autre roman trépident avec le mot "facteur" dans le titre? Le facteur sonne toujours deux fois, de James Cain!

Mon premier Graham Greene: Le troisième homme, en quatrième: mon premier "livre de grands": une révélation!


mardi

Challenge Woody Allen#4 Another woman

Avec Mario Poppins*, mon époux noces de cuir, nous avons décidé de regarder une dernière fois revoir notre collection de Woody Allen avant d'enfermer nos DVD pour un nombre d'années indéterminé. Notes ex abrupto.




Another woman **
(Une autre femme)

(1988) avec Gena Rowlands, Ian Holmes, Mia Farrow, Gene Hackman



Tout semble sourire à Marion (Gena Rowlands), qui est une femme brillante, professeur de philosophie à l'université, en congé pour écrire un nouveau livre, mariée à un charmant cardiologue qu'elle adore, très belle femme de 50 ans qui assume son âge avec panache. Ils mènent une vie intellectuellement stimulante et socialement intense.

Pourtant, l'écoute involontaire de discussions entre un psychanalyste et sa patiente en détresse (une obsession récurrente chez Woody Allen), qui discutent à l'étage au-dessus de son bureau, fait prendre conscience à Marion des failles dans sa vie et celle de ses proches, par exemple au sujet du manque cruel de relations sexuelles sur le sol.

Au hasard d'une rencontre entre les deux femmes, par un effet qui a certainement un nom dans les milieux autorisés, la déprimée (Mia Farrow enceinte jusqu'aux yeux) se réveille et s'envole pendant que Marion s'effondre. Mais comme elle a de la ressource, elle saura y voir le bon côté des choses et rebondir encore une fois.

Gena & Gene


Another woman n'est pas du tout une comédie, et fait partie de la période disons torturée de Woody Allen. Tout le monde n'aime pas, mais Gena Rowlands est tellement géniale!

dimanche

Station balnéaire, Christian Giudicelli

De Paris à La Grande Motte, vers 1985.

La baronne, une vielle fille minable qui passe sa journée à rêver des délires sado-maso, en adoration secrète devant José, le petit portugais qui sert d'homme à tout faire dans l'hôtel dont elle est gérante.

Marie, une femme de chambre insignifiante et insipide raide dingue de José, son collègue mutique à l'hôtel.

Le père de Marie, alcoolique aux abois, qui compte sur sa nunuche de fille (dont il a oublié le nom) pour survivre jour après jour.

Jacques, un écrivain homosexuel qui utilise deux fois par semaine un petit tapineur répondant au doux nom de José, à des fins sexuelles et littéraires.

José, un sacré petit con.

Tout ça finit mal pour tout le monde (sauf pour l'écrivain qui, on le devine, finira par trouver l'inspiration dans cet ensemble sordide).




Attention roman français typique: autofiction assumée, astuces bidons dans la narration et une fin qui se devine à la page 2, mais ça se laisse lire malgré tout.


***

Station balnéaire, Christian Giudicelli (1986).

D'autres Prix Renaudot (Station Balnéaire l'a reçu en 1986 et Giudicelli fait partie du jury aujourd'hui) que j'ai lu: Les Choses de Georges Pérec (1965), et Chagrin d'école de Daniel Pennac (2007). Ouh c'est pas beaucoup, on dirait bien que les écrivains français c'est pas mon truc!


Un autre roman avec un jeune loser paumé qui ne peut pas s'empêcher d'entraîner les autres dans sa chute? Le Rocher de Brighton, de Graham Greene (1938).



samedi

Le facteur sonne toujours deux fois, James Cain

Californie, années 30. Frank Chambers vagabonde, traverse le pays en prenant le train en douce, ne fait rien de ses dix doigts sinon se battre à l'occasion. Un beau jour, il déjeune sans intention de payer dans un boui-boui de bord de route aux portes de Los Angeles, et le patron, un gros grec qui aurait mieux fait de pas se lever ce matin-là, lui propose un boulot et un toit. Frank s'apprete à refuser, mais en apercevant la femme du grec, la belle Cora qui trime en cuisine, il finit par accepter la proposition.

Suivront beaucoup de sexe, d'alcool, de craquements d'os et de sang, sans un mot de trop.



Un roman noir, dense, violent et époustouflant. Je l'ai lu en une matinée, avec quelques pauses pour me remettre et éviter de vomir dans le salon.


***

Le facteur sonne toujours deux fois, James Cain (1934).

Deux adaptations cinématographiques: une datant de 1946 avec Lana Turner et l'autre de 1981 avec Jessica Lange et Jack Nicholson.


D'autres romans sombres et tragiques avec un meurtre si simple qui s'avère n'être que le début d'effroyables ennuis intérieurs? Thérèse Raquin, d'Emile Zola (1867) et bien entendu Crime et châtiment, de Dostoïevski(1866)!


Un autre film dans la même veine? Les Diaboliques, d'Henri-Georges Clouzot(1955)!


jeudi

Paris est une fête, Ernest Hemingway

Hemingway et sa femme, Hemingway et Gertrude, Hemingway et Sylvia, Hemingway et Ezra, Hemingway et Francis...

Ernest glande à La Closerie des Lilas, Ernest skie dans le Vorarlberg, Ernest joue au tiercé, Ernest prend le train sans Francis, Ernest en tient une bonne...

A l'occasion, le fantôme de Pacsin, Juan Gris ou Picasso.

Des souvenirs parisiens, entre 1921 et 1926, très alcoolisés et souvent affamés, de discussions passionnantes en compagnie de personnes ayant conscience de leur hauteur dans des lieux qui se veulent encore incontournables.



Je n'ai jamais raffolé d'Hemingway (enfin jusqu'à ce que je voie Midnight in Paris l'autre jour); mais comme j'ai trouvé l'opus (d'époque) chez ma grand-mère qui était vivante quand ces histoires se sont passées, je me suis fait violence et j'ai pas été déçue. 

Cependant, dans le conflit moral qui oppose Fitzgerald, Zelda et Hemingway, je continue à pencher pour la bonne foi de Zelda et trouve la rage d'Ernest envers elle un peu louche.

Par ailleurs, si vous voulez faire un pèlerinage, Gertrude Stein est enterrée au cimetière du Père Lachaise, j'ai aidé des touristes américains à retrouver sa tombe début juillet (moi je cherchais celle de Jacques Duclos pour des raisons qui me sont propres, ainsi que la tombe de mon prestigieux ancêtre).


***

Paris est une fête, Ernest Hemingway (publication posthume, 1964).

Un voyage cinématographique au milieu de Paris est une fête? L'excellent Midnight in Paris de Woody Allen.

Pour compléter la saga Ernest-Francis-Zelda évoquée ans les derniers chapitres de Paris est une fête? Accordez-moi cette valse, Zelda Fitzgerald, Tendre est la nuit, Francis Scott Fitzgerald, Alabama Song, Gilles Leroy.

Vous aimez l'histoire de la fameuse libraire anglophone Shakespeare et Cie et toutes ces folles années riches et fécondes autour des plus grands artistes du XXème siècle et d'un de mes âges d'or de Paris? lisez sans attendre Passage de l'Odéon, Sylvia Beach, Adrienne Monnier et la vie littéraire à Paris dans l'entre-eux-guerres de Laure Murat!




mercredi

La contrevie, Philip Roth

Voilà les cartes:

Londres, Newark, Jerusalem.
Nathan, Henry, Maria.
Le sexe, la mort, la religion, l'écriture, une vie et une seule.
La Suisse, la Judée, le Gloucestershire.
Les parents, les enfants, les épouses et les amants. Les frères ou les faux frères.
Baiser ou ne pas pouvoir, mourir ou ne pas vouloir,  s'engager ou s'enfuir, le livre ou le contrelivre, la vie ou la contrevie.



La contrevie est une succession de mélanges, d'options et de diverses possibilités à partir de ces ingrédients essentiels et majeurs chez Philip Roth (et les êtres humains en général).

Que faire de l'unique chance de vivre que nous avons? comment sont distribuées les cartes? comment tricher? comment gagner? c'est quoi gagner quand on sait que tout est perdu d'avance?

Et comme ça m'épuise d'être aussi spirituelle et profonde, je m'arrête là!


***

La contrevie, Philip Roth (1986). (V.O. The counterlife)

Ce que je préfère chez Philip Roth? Nathan Zuckerman!

dimanche

Challenge Woody Allen#3 Love and Death

Avec Mario Poppins*, mon époux noces de cuir, nous avons décidé de regarder une dernière fois notre collection de Woody Allen avant d'enfermer nos DVD pour un nombre d'années indéterminé. Notes ex abrupto.



Love and Death *****
(Guerre et Amour)

(1975) avec Diane Keaton et Woody Allen. 
Comédie historico-littéraire.

Russie, début XIXème siècle.
En pleines guerres napoléoniennes, Boris, un jeune poète couard et bavard (Woody Allen), obsédé par le sexe, l'existence (ou non) de Dieu et ce qui se passe lorsqu'on décède, est amoureux de la belle Sonja (Diane Keaton). 

Un grand nombre de péripéties à la russe (le film est une adaptation libre de Guerre et Paix) l'amènent entre autres à combattre en duel pour les beaux attraits d'une comtesse, épouser sa cousine, manger de la neige, tenter d'assassiner Napoléon, et finalement mourir.


Love and Death est une comédie intelligente et cultivée (le pastiche de Bergman, les discours impromptus à la Tolstoï sur la nature ou le dialogue dostoïevskien sont à pleurer), comme d'habitude, mais aussi d'un niveau de drôlerie rarement atteint.

mardi

Challenge Woody Allen#2 Hannah and her sisters


Avec Mario Poppins*, mon époux noces de cuir, nous avons décidé de regarder une dernière fois notre collection de Woody Allen avant d'enfermer nos DVD pour un nombre d'années indéterminé. Notes ex abrupto.


Hannah and her sisters ***


(1986) avec Mia Farrow, Dianne West, Michael Caine, Woody Allen. 
Comédie bavarde.

Trois soeurs, deux maris, un tas de possibilités. 
Hannah (Mia Farrow), l'aînée des trois soeurs, est la rescapée de la famille: riche, brillante, comblée, épanouie dans sa vie professionnelle et familiale alors que ses deux soeurs, Lee et Holly, pas du tout.
L'une est droguée, l'autre alcoolique, elles n'ont pas de travail, vivotant des bluettes sans lendemain ou aux crochets d'un vieil emmerdeur -mais cultivé. 
Lee et Holly se partagent les miettes d'Hannah en lui tapant du fric, mangeant à sa table ou en couchant avec ses maris ou ex-maris (Michael Caine, parfait dans son imper col de fourrure, et Woody Allen, hypocondriaque perdu dans sa foi, soigné par les Marx Brothers).

Hannah partageant sa félicité, les frangines finiront par trouver le bonheur.

Challenge Woody Allen#1 September & Shadows and Fog


Avec Mario Poppins*, mon époux noces de cuir, nous avons décidé de regarder une dernière fois notre collection de Woody Allen avant d'enfermer nos DVD pour un nombre d'années indéterminé. Notes ex abrupto.


September **

(1987) avec Mia Farrow et Dianne West. 
Comédie triste.


Ambiance Bergman, huis clos dans une maison du Vermont, Lane (Mia Farrow) est déprimée, s'habille comme un sac et n'a pas vu de peigne depuis un moment.
Elle est aimée secrètement par un vieux voisin veuf, mais amoureuse d'un jeune écrivain qu'elle héberge pour l'été, lui-même attiré par la meilleure amie (Dianne West) de Lane, de passage pour oublier mari et enfants.

L'été finirait comme il semble s'être déroulé (comprendre: sans baiser) sans l'arrivée de la mère impétueuse de Lane, bourrasque futile aux éclats de voix assourdissants, ancienne pin-up aux choix de vie délicats, au penchant net et sans détour pour la vodka.

A la faveur d'une tempête, tout s'emmêle, se démêle, quelques aveux et beaucoup de cris, avant les valises.



Shadows and Fog ****
Ombres et brouillard


(1992) avec Woody Allen, Mia Farrow, John Malkovitch, John Cusak et apparitions de Jodie Foster, Katie Bates et Madonna. 
Comédie.



Ambiance Murnau / Kafka / Freaks, film en noir et blanc.

Dans une ville d'Europe centrale, sévit un étrangleur. Kleinman ("petit homme" en allemand) (Woody Allen), un employé de bureau nerveux et un peu couard, est réveillé en pleine nuit pour participer à une battue de citoyens afin de retrouver l'étrangleur.
Il ne sait pas ce qu'il est sensé faire alors que tout le monde a l'air de penser qu'il sait (comme dans Le Procès, Kafka), et tout un tas de quiproquos et de malentendus découlent de cette incompréhension/inadaptation.
Tout au long du film qui se déroule sur une nuit pleine d'ombres et de brouillard, cachant les visages, intensifiant les bruits, déformant les silhouettes, il va se trouver poursuivi, arrêté, licencié, soupçonné, agressé, menacé...

Il croise plusieurs personnes durant cette étrange nuit, dont une avaleuse de sabres qui ne paie pas de mine (Mia Farrow), mais qui va se révéler forte et déterminée (like a jungle cat), l'aidant lui-même à trouver du courage, mais aussi à fuir (courage fuyons) dans un nouveau monde de magie et d'illusions.


vendredi

Elégie pour un américain, Siri Hustvedt


Merci à Blogger qui a su, 
en effaçant mon premier jet spirituel et enlevé, 
mettre à l'épreuve ma mémoire et ma ténacité.

Soyons clairs, ce que je préfère chez Siri Hustvedt, ce ne sont pas ses écrits. Ceci dit, ses romans ne tiennent pas trop mal la route, j'avais bien aimé Tout ce que j'aimais  (What I loved) (dédié à Paul Auster) malgré le titre vachement culcul-la-praline (aka Anna Gavalda) et L'envoûtement de Lily Dahl (The Enchantment of Lily Dahl) (dédié à ses mère et soeurs), au titre un peu plus austérien.



Elégie pour un américain (The Sorrows of an American) (dédié à sa fille Sophie Auster) démontre que l'auteur a de la suite dans les idées et un instinct familial très abouti. 

L'idée est intéressante, partir de bribes du journal de son père (le vrai) pour broder un roman sur l'américanisation, l'héritage et la transmission au sens large (d'une maison, d'un caractère, d'une nation), et puis comme le narrateur est psychiatre, on peut être sûr que tout cela sera traité avec intelligence et analysé avec finesse (les psy référents de Siri Hustvedt sont cités en fin d'ouvrage comme gage de sérieux).

Ca se passe à New-York où des tas de personnages beaux et intelligents se croisent (bon, il y en a bien un qui souffre de sudation excessive et handicapante) (d'ailleurs c'est le pauvre de service) (et si je vous dis qu'à la fin il s'avèrera être un brin travelo, vous risquez de ne pas me croire!) (à tort!).
Certains rappellent étrangement Siri, Paul et Sophie (sauf qu'ils s'appellent Inga, Max et Sonia, voyez le genre), ce qui convient parfaitement à mon appétence pour les romans à clé (aka Voici).

Le thème de la mémoire familiale dans le corps et dans l'esprit, ça m'a semblé un brin convenu et déjà vu; la construction quant à elle m'a dans l'ensemble un peu frustré, avec des tas d'histoires qui partent dans tous les sens, ce qui me laissait le temps de divaguer et d'imaginer des tas de solutions aux problèmes posés et finalement rien ou presque. 
Mon avis est partagé au final, entre une intrigue sympa et un mari de l'auteur trop génial, comme quoi c'est pas contagieux.



***

Elégie pour un américain, Siri Hustvedt(2008).

Ce que je préfère chez Siri Hustvedt? Son mari Paul Auster!

Mon premier roman de Paul Auster? Mr. Vertigo, lu pendant l'été 1997.

Deux supers films plus ou moins de Paul Auster? Smoke de Wayne Wang et Brooklyn Boogies de Wayne Wang et Paul Auster.

Le Paradis- un peu plus loin, Mario Vargas Llosa

Sous prétexte au départ de raconter la toute fin des vies de Flora Tristan et de son petit-fils Paul Gauguin, Mario Vargas Llosa, un de mes auteurs favoris, présente en réalité deux biographies romancées assez complètes à la faveur de flash-back bien amenés.

Pour mémoire, Flora Tristan est une révolutionnaire féministe du milieu du XIXème, une femme qui me rappelle sans émotion Glawdys, 4ème1, qui après une première salve de recherche en salle informatique pour préparer une exposition en éducation civique sur le féminisme en France, m'avait asséné sans ambages: "Ouah la tronche d'la meuf! Trop le boulé mâdâm! Pourquoi kjeufé une moche? Elle a dla moustache en plus!"

Paul Gauguin, quant à lui, inutile de vous le présenter, puisqu'il est devenu bien plus célèbre que son aïeule (lien de parenté que j'ignorais totalement), pour ses fameux tableaux avec toutes ces bonnes femmes sans chevilles et aux pieds plats, à la peau jaune-orange et aux arbres bleus. Grâce à deux billets de Yibus, je me suis aperçue qu'elles sont également souvent à moitié nues, ce qui ne m'avait jamais frappée auparavant! Etonnant, non?



L'ensemble étant mené en parallèle, un chapitre chacun son tour, jouant sur le fait que leurs vies sont effectivement marquées par d'identiques récurrences: l'absence du père, le détachement de la mère, le déracinement, l'attirance vers le lointain et le paradis perdu, l'espoir d'une vie purgée des vices contemporains (exploitation de la femme, embourgeoisement, conformisme...), la maladie et la souffrance du corps pendant des années, qui les amoindrit sans leur faire perdre de vue leurs déterminations politiques ou artistiques, et je pourrais certainement continuer longtemps comme ça mais j'ai un sachet de Tomatensuppe Toscana qui est en train de bouillir.

C'est un roman poétique, limpide et complexe, un double récit multiple, à la langue très personnelle, présentant deux personnalités énormes et hors-normes, et si vous voulez mon avis, il arrive de temps en temps qu'on ne reçoive pas un Prix Nobel de Littérature pour rien.

Enfin, à titre personnel, j'ai particulièrement adoré les passages sur Flora Tristan car j'ai une prédilection pour l'histoire sociale et urbaine de la France du XIXème, et j'ai rarement l'occasion, au quotidien, de me souvenir d'Agricole Perdiguier, de Victor Considérant ou de Prosper Enfantin...

Et à titre universel, notons le beau titre du roman, justement, qui raconte un peu la (les) fin(s). (en V.O.: El Paraìso en la otra esquina).


***

Le Paradis-un peu plus loin, Mario Vargas Llosa (2003).

Mon roman préféré de Mario Vargas Llosa? Tours et détours de la vilaine fille (2006). La fête au Bouc, (2000) ça déchire aussi, mais dans un autre genre.

Mon tableau préféré de Gauguin? son portrait de Van Gogh (1888), un autre peintre incompris de ses contemporains mais que je préfère de loin!


Retrouver Glawdys de 4ème1 plus vraie que nature? Voir L'Esquive, un film d'Abdellatif Kechiche (2002), sa mère, un film pas trop mortel dsa race, tvois, paske ça fé un peu caricatural, sa mère, mais t'as vu, kamême, cé tro ça!



jeudi

Livres abandonnés

Bloquant à la cinquantième page du Pynchon (L'Arc-en-ciel de la gravité), je sais déjà que je ne le finirai pas (sinon jamais).
J'ai commencé en parallèle la correspondance de Flannery O'Connor, mais je sais déjà qu'en fait, je n'y reviendrai pas.

C'est toujours un problème de ne pas finir un livre commencé.

D'abord, je possède une grande quantité de bouquins qui donnent d'après moi un certain cachet à mon salon, et le fait que certains d'entre eux n'ont jamais été achevés me paraît une sorte de trahison pour le cachet de mon salon, auquel je tiens.
Surtout que je suis hyper nulle en décoration et rangement, alors si en plus les livres envahissants ne sont pas lus, la fin des haricots s'approche.

Ensuite, passée cette question éthico-esthétique, je conclus que ma faible capacité d'appréciation de romans un peu en dehors des clous habituels résume certainement un goût vulgaire et populaire.
Sans être particulièrement snob, je trouve que je vaux mieux que ça. Alors j'essaie, mais j'y arrive pas.

Enfin, en l'occurrence, sur le Pynchon, je bloque par faiblesse intellectuelle; c'est bien simple: je ne comprends rien.
Je sais que c'est fait exprès, mais franchement, ça m'agace de me projeter sur 900 pages à essayer de comprendre ce qui se passe, où, avec qui, quand, pourquoi, comment; je suis bien trop paresseuse pour ça.



Je vais donc abandonner (mais sur ma table de nuit, ça pourra toujours être utile en cas d'insomnie) l'Arc-en-ciel de la gravité, de Thomas Pynchon, tout comme j'ai abandonné:

Ingrid Caven, de Jean-Jacques Schuhl
(sans doute parce que je détestais la personne qui me l'a offert)

Blanche ou l'oubli, Aragon
(aucun souvenir du pourquoi de l'abandon)

L'emploi du temps, Michel Butor 
(gros mauvais souvenir, j'étais malade en plus, donc même si je me dis que je devrais réessayer, je me sens nauséeuse immédiatement)

Théra, Zeruya Shalev
(à chaque fois que je l'attrape, je lis une page et je me dis "non mais je voudrais lire un truc marrant, là")

Le vieil homme et la mer, Hemingway
(il est pourtant pas long, celui-là, mais va comprendre)

Les béatitudes bestiales de Balthazar B, de J.P. Donleavy
(pourtant d'après la 4ème de couverture je devrais aimer, mais la 1ère de couverture me dérange donc je ne l'ai même pas ouvert!) (je raffole pas de Botero et de la cellulite, ça me perturbe) 

D'un château l'autre, Céline
(je peux pas, j'ai pourtant essayé de combattre mes réticences, mais sans succès; par contre j'ai visité le château de Sigmaringen et j'ai jamais eu aussi honte de ma vie parce que la visite guidée était obligatoire et donc j'ai eu l'impression que tous les visiteurs -allemands- nous ont regardé de travers quand on était dans la suite accueillant Laval et Céline) (même si franchement c'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité)



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Des films abandonnés au cinéma? Crash, de David Cronenberg (1996), par pudibonderie.  Land and Freedom, de Ken Loach (1995), pour un rendez-vous amoureux que j'aurais mieux fait de louper!

Un film que j'aurais dû abandonner au cinéma? Les destinées sentimentales, d'Olivier Assayas (1999). Ceci dit on en rigole encore.



lundi

Vie et mort d'Emile Ajar, Romain Gary

J'adore les gens drôles et désespérés, et Romain Gary, justement, il est drôle et désespéré. Et les quarante pages de cet opuscule à la publication posthume, elles sont drôles et désespérées.


Il ne s'agit pas de redondance, mais de cohérence!


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Vie et mort d'Emile Ajar, Romain Gary (1981).

Une citation liminaire? "De ce que la littérature se crut et se voulut être pendant si longtemps -une contribution à l'épanouissement de l'homme et à son progrès- il ne reste même plus l'illusion lyrique." 

Une citation sibylline pour les néophytes? "Je m'attache très facilement."