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Le Paradis- un peu plus loin, Mario Vargas Llosa

Sous prétexte au départ de raconter la toute fin des vies de Flora Tristan et de son petit-fils Paul Gauguin, Mario Vargas Llosa, un de mes auteurs favoris, présente en réalité deux biographies romancées assez complètes à la faveur de flash-back bien amenés.

Pour mémoire, Flora Tristan est une révolutionnaire féministe du milieu du XIXème, une femme qui me rappelle sans émotion Glawdys, 4ème1, qui après une première salve de recherche en salle informatique pour préparer une exposition en éducation civique sur le féminisme en France, m'avait asséné sans ambages: "Ouah la tronche d'la meuf! Trop le boulé mâdâm! Pourquoi kjeufé une moche? Elle a dla moustache en plus!"

Paul Gauguin, quant à lui, inutile de vous le présenter, puisqu'il est devenu bien plus célèbre que son aïeule (lien de parenté que j'ignorais totalement), pour ses fameux tableaux avec toutes ces bonnes femmes sans chevilles et aux pieds plats, à la peau jaune-orange et aux arbres bleus. Grâce à deux billets de Yibus, je me suis aperçue qu'elles sont également souvent à moitié nues, ce qui ne m'avait jamais frappée auparavant! Etonnant, non?



L'ensemble étant mené en parallèle, un chapitre chacun son tour, jouant sur le fait que leurs vies sont effectivement marquées par d'identiques récurrences: l'absence du père, le détachement de la mère, le déracinement, l'attirance vers le lointain et le paradis perdu, l'espoir d'une vie purgée des vices contemporains (exploitation de la femme, embourgeoisement, conformisme...), la maladie et la souffrance du corps pendant des années, qui les amoindrit sans leur faire perdre de vue leurs déterminations politiques ou artistiques, et je pourrais certainement continuer longtemps comme ça mais j'ai un sachet de Tomatensuppe Toscana qui est en train de bouillir.

C'est un roman poétique, limpide et complexe, un double récit multiple, à la langue très personnelle, présentant deux personnalités énormes et hors-normes, et si vous voulez mon avis, il arrive de temps en temps qu'on ne reçoive pas un Prix Nobel de Littérature pour rien.

Enfin, à titre personnel, j'ai particulièrement adoré les passages sur Flora Tristan car j'ai une prédilection pour l'histoire sociale et urbaine de la France du XIXème, et j'ai rarement l'occasion, au quotidien, de me souvenir d'Agricole Perdiguier, de Victor Considérant ou de Prosper Enfantin...

Et à titre universel, notons le beau titre du roman, justement, qui raconte un peu la (les) fin(s). (en V.O.: El Paraìso en la otra esquina).


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Le Paradis-un peu plus loin, Mario Vargas Llosa (2003).

Mon roman préféré de Mario Vargas Llosa? Tours et détours de la vilaine fille (2006). La fête au Bouc, (2000) ça déchire aussi, mais dans un autre genre.

Mon tableau préféré de Gauguin? son portrait de Van Gogh (1888), un autre peintre incompris de ses contemporains mais que je préfère de loin!


Retrouver Glawdys de 4ème1 plus vraie que nature? Voir L'Esquive, un film d'Abdellatif Kechiche (2002), sa mère, un film pas trop mortel dsa race, tvois, paske ça fé un peu caricatural, sa mère, mais t'as vu, kamême, cé tro ça!