dimanche

Dans la main du diable, Anne-Marie Garat

Bon. L'ambivalence des sentiments règne à plein avec ce conséquent pavé. L'auteur (une universitaire spécialisée dans l'étude des arts visuels) remercie les archivistes avenants (je cite) de la BNF. C'est vrai que les passages sur la fabrique de petits gâteaux au début du siècle sentent un peu les archives avenantes de la BNF.


L'histoire: à Paris, fin 1913-début 1914, une jeune fille bourgeoise-bohême, au prénom ravissant, riche héritière, fille d'artistes morts, élevée par une tante hongroise et une grosse nourrice aveyronaise, pianiste à ses heures grâce aux cours d'une polonaise lesbienne élève de Saint-Saëns, mène une enquête haletante au sujet de la disparition mystérieuse de son cousin, un fieffé coquin qui lui a prit sa fleur avant de partir en Orient. Avec tout ça, une riche famille spécialisée dans le biscuit, une petite
orpheline, un scientifique sexy disciple de Pasteur (qui sent l'humus figurez-vous)(le sexy, pas Pasteur!), un inquiétant employé du ministère de la Guerre, des histoires pas nettes en Asie, un
notaire lubrique, un petit-fils ingrat, une hystérique de la soupe populaire, un délicieux anarchiste à l'abondante chevelure noire et bouclée (what else?), un flic épais mais fin; je pourrais continuer encore un peu, y en 1300 pages. Voyez le genre.
Historiquement, j'ai trouvé ce roman un peu léger, bourré de clichés éhontés sur l'émancipation par le travail et les orgasmes hors mariage, la misère ouvrière et les débuts des revendications syndicales organisées, la guerre moderne qui se profile.
Au niveau du style, c'est guère mieux, étourdissant de formules à coucher dehors, dans le genre feuilleton du XIX avec des allusions sexuelles en plus, une débauche de vocabulaire échevelée, des métaphores botaniques en veux-tu en voilà...
A la rigueur, on a envie de savoir comment ça finit (et encore, vu qu'on le devine à la dixième page).


Du coup, j'ai mis du temps à rentrer dans l'histoire, mais comme au bout de 700 pages, il en restait autant, j'ai dévoré la deuxième partie, habituée que j'étais aux fantaisies littéraires ampoulées (sinon gratinées) d'Anne-Marie Garat.

Disons que c'est le genre de choses à lire pendant les vacances, en se prenant pour une Bovary des plages. Une sorte de Harlequin, mais en mieux (enfin je suppose).
N'empêche que la suite est sortie et qu'il y a bientôt une dédicace dans une librairie chic près de chez moi. Je me tâte.

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