Ils soulignaient le fait que Ken Loach lâche ici la grande affaire politique et sociale de sa vie (il est communiste) pour se vautrer dans la sympatocherie footballistique et christique.
Ce qui est faux, car Looking for Eric a un discours de classe franchement radical à mes yeux (attention, ce qui suit sera proprement incompréhensible pour ceux qui n'auraient pas vu le film):
- l'opium du peuple (toutes ces télés partout qui sont une des raisons de la dérive familiale et dont la suppression représente un pas vers le retour à la liberté des personnages principaux),
- le militantisme communiste (Cantona et les Red Devils de l'équipe de Manchester!),
- l'union fait la force pour vaincre ceux qui dominent/humilient/exploitent/manipulent le peuple (la scène contre le voyou),
- la force du dialogue, du respect mutuel et du pacifisme (l'ex-femme) (mais oui),
- la possibilité d'une élévation sociale par le savoir (la fille aînée),
- l'union syndicale (les copains facteurs),
- les faibles exploités et soumis au mirage de la consommation et du bling-bling (le grand fils),
- les jeunes soumis à une violence sexuelle très tôt (le jeune fils et ses pornos)
- l'égalité sociale et le sens de la révolution (eh ouais) (l'extraordinaire scène des masques)...
J'en ai encore plein d'autres, mais le pompon, c'est de dire que Cantona symbolise la réussite du modèle américain et télévisuel de coachisation systématique, le coach de vie, le gourou, le dieu vivant. C'est absurde, Cantona lui-même avouant dans une scène très drôle (le film est très drôle) que non, il n'est pas un homme, il est Cantona.
Comprendre: il n'est que Cantona; en plus si ça se trouve, il n'existe même pas.
A noter que pour le fan de Cantona qui m'accompagnait, les scènes de souvenirs de buts et de passes glorieuses donnent le frisson.
***
Looking for Eric, un film de Ken Loach coproduit par Eric Cantonna (2009).
Un autre film britannique qui fait semblant de parler de foot pour tenir un discours social: Bend it Like Beckham!, un film de Gurinder Chadha (2002).
Un autre film avec des facteurs, mais un film bien pourri et bien pas drôle: Bienvenue chez les Ch'tis!, de Dany Boon (2007).
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