dimanche

Coeurs, Alain Resnais

Hier soir, mon mari et moi-même, avons été consternés par le film Coeurs, d'Alain Resnais. Une bonne grosse daube, moche, idiote, vulgaire et pas drôle (c'est sensé être une comédie).

Moche

D'abord il neige tout le long du film, par la fenêtre et pendant les fondus entre différentes scènes, et au cas où t'aurait pas compris qu'il neige dehors pendant qu'ils sont dedans (aucune scène en extérieur), les personnages masculins ont tous du plâtre sur les épaules pour faire genre il neige. Mais moins sur les femmes, car leurs manteaux sont trop jolis pour être gâchés avec du plâtre. Ou alors il y a une symbolique intellectuelle qui m'échappe. En tout cas c'était moche.



Et il y a André Dussolier, agent immobilier nul comme dans On connaît la chanson, qui fait visiter des appartements nuls et inappropriés filmés du dessus, avec les cloisons en carton. Super moche.

Et Lambert Wilson en ancien bidasse macho, alcoolique et vulgaire, portant des pulls camionneurs et faisant des efforts considérables pour avoir l'air d'un prolo malgré sa diction raffinée, trop moche.

Et le bar de l'hôtel avec les néons fluos, n'importe quoi.

Idiot

Normalement, dans les fictions supportables, il y a un début, un déroulement avec des points de tension, des retournements de situation et des faits ou des discussions qui font évoluer soit les personnages soit l'histoire sinon les deux, eh bien là, ils végètent du début à la fin, ils n'ont rien appris, rien n'a changé, mais deux heures de notre vie ont passé pour rien. Heureusement qu'on a mangé au début et qu'on a débarrassé avant la fin, comme ça c'était pas complètement perdu.

Dans quel monde peut-on croire quinze secondes qu'André Dussolier puisse être le grand frère d'Isabelle Carré alors qu'il lui rend bien trente-cinq ans?

Qui joue aux petits chevaux le dimanche soir? Où a-t-on vu des grenouilles de bénitier se faire des colorations rouges et des permanentes façon doigts dans la prise? Pourquoi une italienne qui a un accent a couper au couteau parle en français à sa mère au téléphone? Pourquoi Sabine Azéma fait des films pornos amateurs qu'elle distribue à tout le monde? Pourquoi Pierre Arditi a recueilli son père qu'il n'a jamais connu? Pourquoi ne voit-on jamais Claude Rich? 

Vulgaire

On a droit à trois scènes pornos amateurs de Sabine Azéma. Déjà une, c'était gênant, mais trois, franchement...

Les tirades d'insanités de Claude Rich, c'était marrant, mais comme on ne le voit jamais, ça devenait un peu lourd.

Pas drôle

On voit bien qu'il y a quelques tentatives d'être un peu amusant comme avec les fausses émissions de télé, mais en fait, bah non.

L'affiche est trompeuse, elle n'a rien à voir avec le film: les acteurs y sont souriants, dans le film ils tirent tous la tronche; et en plus ils ne sont pas du tout habillés pareil et n'ont pas les mêmes coupes de cheveux, c'est n'importe quoi! Je suppose que ça a un lien avec le fait que le film soit du théâtre filmé (ce qui est souvent raté), et qu'ici ce sont les acteurs avant ou après la représentation, mais d'après moi ça ne fonctionne pas.


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Coeurs, Alain Resnais (2006). 

Un film trop nul. C'est dommage, ça risque d'être le dernier.

jeudi

Challenge Woody Allen#6 Intérieurs

Avec Mario Poppins*, mon époux noces de cuir, nous avons décidé deregarder une dernière fois revoir notre collection de Woody Allenavant d'enfermer nos DVD pour un nombre d'années indéterminé. Notes ex abrupto.




Interiors ****
(Intérieurs)

(1978) avec Geraldine Page, Diane Keaton

Un vieil homme décide de profiter du temps qui lui reste et de quitter son épouse très fragile, passionnée de décoration intérieure mais depuis toujours hostile à la vraie vie. Leurs trois filles, Renata, Flynn et Joey assistent impuissantes au délitement du couple parental, à la renaissance du père, à la mort de la mère.




Un très beau drame, dans une ambiance vraiment nostalgique, avec de longs silences, et bourré de dépression, de rancoeur, d'infinie tristesse et de mort. 

samedi

Sévère, Régis Jauffret

Récit de l'affaire Stern, mais à la première personne du singulier (donc comme la narratrice est une femme et l'auteur un homme, c'est un roman, légalement parlant).

Se déroulent les souvenirs a posteriori d'une femme un peu paumée qui, après avoir tué son amant, s'envola pour un tour du monde de quelques jours avant de revenir se faire enfermer par la police helvétique.

Elle entretient pendant des années une liaison compliquée et vaguement immorale avec un type plein aux as et très méchant (la preuve, il tuait des animaux). Après quatre ans de hauts et de (coups) bas, elle lui réclame un million de dollars.
Il les lui donne, puis les lui reprend.
Mauvaise idée. Il aurait mieux fait de continuer à la fouetter dans des hôtels de passe à Barbès, ça la révoltait moins. Elle se fâche, et comme tout le monde s'en souvient, c'est en combinaison latex intégrale et rose que le méchant (qui a peur des loups) se prend une balle dans la tête.

Sévèrement cinglée et sévèrement éliminé, Cécile Brossard et Edouard Stern sont bien traités par Régis Jauffret, qui respecte gentiment, dans la mesure du possible, ses deux sujets et leur histoire.

Une chose est sûre: ce court roman plaira aux inconditionnels des faits divers (du genre de ceux qui veillent pour regarder des rediffusions nocturnes de "Faites entrer l'accusé", malgré Hondelatte en cuir) (j'en connais un, super beau en plus).



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Sévère, Régis Jauffret (2010). 

Un bouquin de Jauffret hallucinant d'inventivité et sombre à mourir? Microfictions! De quoi en remontrer à tous les tenants de l'autofiction!

jeudi

L'enfant volé, Ian McEwan

Londres, une année des JO au début des années 80.



Stephen a perdu sa fille de trois ans au supermarché. Il tente de survivre à ça.



Un sujet facilement larmoyant (on imagine bien ce qu'en aurait fait Emmanuel Carrère!), mais un roman beaucoup plus ambitieux que ça, sur le temps, ce qu'on en fait, comment un enfant est désiré, naît, grandit et s'envole, parfois n'importe quand, ou n'importe comment...

Stephen, sa femme, ses parents, ses amis, un camionneur accidenté, affrontent un passé, des drames, des éternels remords, et tentent d'aller de l'avant, ou en arrière, ou en suspens, chacun à sa façon.

Il s'agit tout de même d'un roman anglais, donc il y a aussi la rédaction en comité Théodule d'un manuel de pédagogie appliquée, les hypocrisies de la politique, des histoires de train et des pots de thé au jasmin... Ah c'était bien! (pas top, mais bien)

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L'enfant volé, Ian McEwan (1987). (en VO: The Child in Time)

Un roman parfait de Ian McEwan à l'intrigue passionnante assorti d'un film pas trop mal: Expiation (2001) (en VO: Atonement), devenu Reviens-moi pour le titre français du film qui reste Atonement en VO. Vous suivez? 


Challenge Woody Allen#5 Nuit de Chine

Avec Mario Poppins*, mon époux noces de cuir, nous avons décidé deregarder une dernière fois revoir notre collection de Woody Allenavant d'enfermer nos DVD pour un nombre d'années indéterminé. Notes ex abrupto.




Don't drink the water *****
(Nuit de chine)

(1994) téléfilm avec Woody Allen, Michael J. Fox


Un petit pays derrière le rideau de fer, 1961. 


Axel Magee (Michael J. Fox) est le fils d'un ambassadeur américain en terre communiste; il profite d'un voyage de ce dernier pour le remplacer et faire ses preuves. Il ne s'avère pas très doué dans sa tâche et c'est malheureusement ce moment qu'a choisi Walter Hollander (Woody Allen, survolté), un touriste américain de Newark, New Jersey, pour prendre à l'insu de son plein gré des photos compromettantes entraînant un effroyable quiproquo diplomatique entre les deux blocs. 






Réfugié avec sa femme et sa séduisante fille dans l'enceinte de l'ambassade, commence un séjour haletant, entre espionnite aigüe, marivaudage romantique et hystérie collective. 


Tout un ballet de personnages à mourir de rire (Axel, Walter, la fille et la femme de Walter, le personnel de l'ambassade -surtout celui qui se prend pour les frères Wright-, l'émir, le prêtre magicien, les policiers soviétiques...), des dialogues ciselés et un sens du burlesque décapant font de ce (télé)film tiré d'une pièce de théâtre écrite par mon héros en 1966, un pur chef d'oeuvre comique.





dimanche

Le facteur humain, Graham Greene

Londres, fin des années 70. 


Dans les locaux secrets de la Boîte (le MI-6 ou 5? ou 7? je ne sais plus mais bon, en gros, chez les espions de l'étranger), Castle et Davis s'ennuient un peu entre deux rapports de leurs correspondants en Afrique.

Maurice Castle a 62 ans, il est las de ce boulot et préfèrerait profiter d'une vie moins secrète auprès de sa femme Sarah, une jeune noire rencontrée en Afrique du Sud lors d'une mission sept ans auparavant, et de leur fils Sam.

Arthur Davis est encore jeune, pressé d'en découdre sur le sol africain, et en attendant d'avoir une vie plus trépidante, il joue aux courses, roule en Jaguar, boit beaucoup et drague Cynthia, sa secrétaire.

Ces deux personnages vont être les principaux objets d'une enquête interne autour d'une fuite supposée, dirigée par le Docteur Percival, un gros connard froid comme un poisson, Daintry, un type honnête et droit, et John Hargreaves alias "C", le patron de la Boîte. 



Le tout sur fond d'idéologies radicales dans un monde encore si proche où les divergences politiques creusaient des tranchées (et des tombes): guerre froide, Apartheid, colonisation, communisme, patriotisme, tout y passe.
Comme toujours chez Graham Greene, l'honnêteté, envers soi ou les autres, la droiture, le bon fond, ne sont pas des choses simples et carrées. 
Les âmes sont souvent torturées; si elles ne le sont pas encore, c'est sans doute pour bientôt. C'est le facteur humain.

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Le facteur humain, Graham Greene (1978). (en VO: The Human Factor)

Un autre roman trépident avec le mot "facteur" dans le titre? Le facteur sonne toujours deux fois, de James Cain!

Mon premier Graham Greene: Le troisième homme, en quatrième: mon premier "livre de grands": une révélation!